En avant et en hausse

Les immeubles de grande hauteur projetés dans le salon à la télévision et encadrés dans un écran de 21 pouces ont toujours le pouvoir de faire transpirer les paumes. C'est leur taille par rapport à ce qui se passe autour d'eux - la façon dont les travailleurs du Millennium Dome à Greenwich ressemblent à des fourmis lorsque la caméra fait un panoramique à 850 pieds de Canary Wharf, ou la façon troublante dont la Tamise semble onduler sur la courbe de la tour Millbank mur-rideau. Ainsi, lorsque le nouveau directeur enfantin du Musée de Londres, le Dr Simon Thurley, réalise un reportage devant la caméra dans la série patrimoniale One Foot in the Past de BBC 2 depuis la plate-forme des nettoyeurs de vitres suspendue à 600 pieds à l'extérieur du Centre financier international, vous ressentez la peur de le saut à l'élastique.

Mais alors que ses caméras zooment vertigineusement dans l'horizon de Londres le 27 août, One Foot in the Past pointe deux doigts vers le hall du patrimoine et fait un pas de géant pour l'humanité en défendant la Millennium Tower rejetée, conçue par Foster Associates. À 1 427 pieds, il aurait été le plus haut bâtiment d'Europe, deux fois la hauteur de son voisin City, le Centre financier international (anciennement la tour NatWest) à 600 pieds, et deux fois sa masse.

Mais il est peut-être trop tard. Si le client, Alan Winter, président de London Millennium Tower Ltd, doit construire une version pygmée redessinée, qu'il a vue pour la première fois il y a deux jours, il la prélouera pour des raisons commerciales à une seule institution financière et laissera la les locataires le nomment. Ainsi, la Millennium Tower, qui n'est pas si haute, pourrait être, disons, le bâtiment de la Deutsche Bank.

Les villes rivalisent toujours architecturalement les unes avec les autres et c'est toujours en hauteur. Pendant un moment grisant, Londres avait prévu quelque chose à l'échelle de Manhattan. Mais pas pour longtemps. English Heritage et la City of London Corporation ont expliqué que la tour originale de Norman Foster était "un pas de trop". Les architectes ont donc été invités par leur client à proposer de nouvelles idées.

Le plan A consistait à abattre un tiers de la tour sans modifier sa conception. Personne n'aimait cette version castrée, encore moins l'architecte. Maintenant, M. Winter doit deviner, avec son conseil d'administration, laquelle des deux autres versions est la plus susceptible d'obtenir un permis de construire et d'être commercialement viable.

La grande et mince peut toujours être appelée à juste titre la Millennium Tower. Ce mannequin mesure un peu moins de mille pieds de haut, un peu plus grand que Canary Wharf. Le petit et gros, que M. Winter admet n'est "pas aussi gros et beau mais toujours reconnaissable comme un design Foster avec sa façade en verre incurvé", ne mesure que 380 pieds et n'a toujours pas de nom. La version qu'ils choisiront sera montrée à English Heritage et à la City of London Corporation avant d'être soumise pour un permis de construire plus tard cette année.

L'une des choses que tout le monde aimait à propos de la Millennium Tower était qu'elle ne se fermait pas la nuit. Les restaurants, les clubs de santé, les plateformes de visionnement public, les magasins, les personnes qui y vivent le feraient bourdonner. M. Winter a déclaré : "Nous pensions qu'à une échelle d'environ 1,6 m², avec quelque huit à dix mille personnes travaillant dans le bâtiment, une utilisation mixte était justifiable en termes commerciaux. Mais dans la plus petite version, qui sera pré-louée à une grande institution financière, il n'y en aura pas."

La faisabilité d'une utilisation mixte dans la tour de 1 000 pieds est toujours à l'étude. S'il est construit, ce sera un immeuble spéculatif pour un grand nombre de petites locations.

En fin de compte, la conception a été pilotée par English Heritage, le conseiller officiel du gouvernement en matière de conservation, et la City Corporation. Au mauvais vieux temps de Bottomley, English Heritage proposait qu'aucun bâtiment ne dépasse cent mètres (environ 320 pieds), soit seulement deux tours d'une piscine de taille olympique. Lorsqu'à la fin du mois de mai, English Heritage a organisé un symposium intitulé Planning Change in a World City, permettant aux personnes influentes d'exprimer leurs opinions sur les immeubles de grande hauteur, les ponts et l'amélioration de l'architecture, Jocelyn Stevens, président, a déclaré : « Nous pensons qu'un bon design doit n'ont rien à craindre d'un avis éclairé et d'un dialogue constructif". Il sait donc que le consensus sur les tours était que ce sont de bonnes choses au bon endroit, de préférence en grappes, et qu'elles devraient avoir un usage mixte. Sinon, les révisionnistes feront travailler tout le monde à Henley ou Croydon.

Peut-être que les flat-arthers seront conquis par Simon Thurley sur la série de la BBC. Il soutient qu'il est au bon endroit pour de nouveaux gratte-ciel sculpturaux, aux côtés de la tour NatWest et du bâtiment Lloyd's de taille modeste de 12 étages. Même Sir Christopher Wren aurait approuvé le plan de la ville, nous assure-t-il.

Thurley aussi qui veut qu'il soit consigné que nos ancêtres auraient admiré la Millennium Tower plutôt que de s'y opposer. Les Londoniens du Moyen Âge étaient tout aussi désireux de construire en hauteur - non seulement 121 églises pour atteindre le ciel, mais la cathédrale médiévale Saint-Paul, qui s'élevait à 468 pieds de haut avant que le grand incendie ne la détruise. La conception originale de Wren pour le nouveau St Paul's était surmontée d'une flèche de 400 pieds. Celui qu'il a finalement construit mesure 365 pieds.

Chaque génération a construit pour submerger la précédente. Une tour sur le toit de Selfridges, conçue en 1918 par Philip Tilden, l'aurait porté à une hauteur étonnante de 560 pieds, tandis que les halls monumentaux impériaux et la tour, conçus en 1904 par John Pollard Seddon et Edward Beckitt Lamb pour s'adapter entre les Chambres du Parlement et l'abbaye de Westminster, était de 500 pieds. Mais les hauteurs des bâtiments étaient limitées à la portée d'une échelle de pompier. Alors que Chicago et New York décollent, Londres continue de décevoir ses visiteurs.

Un véritable exemple de gratte-ciel transatlantique a été découvert par l'équipe de la BBC. A côté du Ritz, Devonshire House, construite en 1928 par une firme new-yorkaise, Carrera & Hastings, est un modèle pour les gratte-ciel avec son sommet fantaisiste, son milieu répétitif et son élévation de rue grandiose. Mais il n'a que neuf étages.

Lorsque les lois d'urbanisme modernes ont été appliquées pour la première fois aux immeubles de grande hauteur au Royaume-Uni, c'était dans les années 1960, une époque où les promoteurs avides concluaient des accords et les multinationales imposaient des conditions - le Hilton n'ouvrirait pas à Londres à moins qu'il ne construise grand.

La version des années 90 de la planification au coup par coup est conçue par un comité - une approche qui ne fonctionne jamais. La Millennium Tower de Foster - trop haute, enlevez un peu ici, ajoutez un peu là, redéfinissez l'utilisation - a fourni un exemple édifiant. Quoi qu'il arrive, cela sera édulcoré par rapport à sa brillante vision originale pour le 21e siècle.